À la rencontre du Brocard

©Kevin TRICARICO - A la rencontre du brocard

Récit : L’attente sauvage, la magie de la rencontre

Il est 5h30, un dimanche matin où tout le monde dort encore. La pluie tambourine doucement sur les volets, le soleil ne se lèvera pas avant 7h40. Pourtant, quelque chose me pousse hors du lit : ce pressentiment que le bon jour pour croiser enfin le chevreuil tant attendu est arrivé.

Mon plan initial était clair : retourner sur le spot habituel. Mais très vite, des cordes d’eau s’abattent, comme pour me dire que la routine ne mènera à rien ce matin. Alors, je poursuis ma route, laissant le hasard guider mes pas vers un sentier isolé entre les arbres.

Avec la frontale vissée sur la tête, je m’enfonce dans ce chemin inconnu sous une nuit sans lune. À un carrefour, la forêt s’ouvre encore, comme une invitation silencieuse. C’est là que je décide de m’installer : mon chapeau de brousse sur le crâne, mon siège planté dans l’humus mouillé, et l’objectif braqué vers une clairière enveloppée de mystère.

L’attente commence. Le soleil tente une percée derrière les nuages, mais la pluie garde la main. Tout autour, des bruits : gouttes sur les branches, bois qui craquent sous la vie invisible, oiseaux voltigeant, c’est une symphonie de la nature. Puis, le silence s’impose.

Un petit oiseau jaillit devant moi, comme un messager discret. Sa présence me ramène à l’instant, aiguise mes sens. Mon regard glisse vers un pin un peu plus haut… et là, il est là. Un brocard, le mâle du chevreuil, flottant entre les branches, presque irréel.

Ému, je reste un instant sans bouger, immergé dans cette rencontre. Le cœur battant, la magie opère. Quand enfin je reprends mes esprits, le déclencheur se met en action. Plusieurs clichés, mais un seul témoignera de cette connexion primitive entre photographe et animal sauvage, au creux d’une forêt secrète.

Matériel utilisé

• Boîtier : Fujifilm X-S20, compact et performant pour affronter les conditions difficiles.

• Objectif : Tamron 18-300mm F/3.5-6.4, gage de polyvalence pour capter la scène sans perturber la faune.

• Trépied : indispensable pour soutenir la longue focale et la basse lumière.

• Affût : tabouret discret et filet de camouflage, précieux alliés pour effacer ma présence et maximiser la patience.

Technique de prise de vue

• EXIFs : ISO 12800, 300mm, F/6.3, 1/40s, choix imposé par la pénombre matinale.

• Stabilité assurée par le trépied, respirations contrôlées et posture stable pour saisir l’instant.

• Focus manuel conseillé en présence de feuillage au premier plan, là où l’autofocus patine.

• Ouverture suffisante pour isoler le sujet tout en captant le peu de lumière disponible.

Développement & progression

• Retouche du bruit numérique accentué par l’ISO élevé : travail subtil pour préserver les détails sans dénaturer l’ambiance.

• Accentuation du contraste et de la netteté sur le brocard pour mieux révéler la scène, en gardant l’atmosphère mystérieuse.

• Remise en question et analyse après chaque sortie : choisir de mieux préparer le matériel, investir dans de nouveaux accessoires, affiner la gestion de l’approche et du déclenchement, continuer à apprendre la patience et l’écoute active.

Remise en question

Je sais que je dois encore progresser. Que chaque sortie est une nouvelle leçon de patience, parfois aussi longue que cette attente silencieuse sous la pluie du matin. Mais je persiste, nourri par cette passion authentique pour l’appel de la nature et pour la magie des rencontres avec ces regards sauvages.

C’est ce désir de compréhension, ce respect pour la vie sauvage et cette envie de partage qui me poussent à retourner, encore et toujours, dans la forêt.

À chaque instant, je me rappelle que l’essentiel est moins la technique parfaite que la sincérité de la rencontre et le plaisir de s’effacer pour mieux observer, écouter, photographier.

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Comprendre et maîtriser la mise au point en photographie